En guise de présentation, nous vous proposons le compte rendu d'une entrevue réalisée avec nos deux voyageurs quelques semaines avant leur départ.


D'abord, présentez-vous à vos lecteurs ?

Mon nom : Geneviève Abdelfatah-Desautels (Gen). J'ai 32 ans et depuis mon jeune âge j'ai la chance de voyager. Depuis 5 ans, ma façon de voyager s'est transformée passant du mode « tout inclus » vers celui de « backpackers ». J'ai ainsi découvert une nouvelle façon de voir le monde. Au fil du temps, voyager et tout ce qui entoure le voyage est devenu une passion. Idéaliste, je rêve d'un monde plus tolérant qui accepte la différence. Je crois qu'en pouvant vivre certaines de ces différences et en les communiquant à mon entourage, il peut se créer un effet d'entraînement qui pourrait laisser plus de place aux gestes et aux paroles plus accueillantes entre les différentes communautés culturelles présentes chez nous et ailleurs. Lorsque je suis à Montréal, j'évolue comme professionnelle en ressources humaines, et ce, depuis maintenant plus de 10 ans.

À ma naissance, on m'a nommé Etienne Beaulieu. Depuis 31, bientôt 32 ans, j'habite la planète terre à titre de québécois/canadien. Passionné de plein air et d'aventures depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours aimé explorer le monde d'abord à l'intérieur de nos frontières et, depuis quelques années, à l'extérieur du Canada. J'ai toujours la même philosophie en tête. Faire en sorte de découvrir et de comprendre les gens rencontrés dans les endroits où je vais. Pour y arriver, quoi de mieux que de voyager par soi même en compagnie de l'âme sœur avec pour seule racine son sac à dos et sa tête. Un jour un ami m'a dit qu'une des choses qu'il admirait le plus chez moi était ma grande capacité à faire face à toutes sortes de situations. En voyage, je peux vous dire que cette capacité est grandement sollicitée pour le meilleur et pour le pire...

Côté boulot, j'œuvre actuellement comme conseiller en développement organisationnel (DO) pour Hydro-Québec à Montréal. Je suis également guide en rafting pour la compagnie Propulsion Rafting depuis plus de 13 ans. Un rêve : pouvoir intégrer le DO et le plein air dans un proche avenir, mais ça c'est une autre histoire ! À suivre !


Est-ce que vous en êtes à votre premier voyage ensemble ?

Geneviève : Non. Nous sommes ensemble depuis 5 ans et dès les premiers mois de notre relation nous avons décidé de partir en Australie pour y vivre notre premier Noël. Question de tester le concept, avant ce premier périple de 3 semaines, sommes avons d'abord fait un saut en France. Par la suite, les plus grands voyages se sont succédés (environ aux 18 mois); Australie (New South Wales), Martinique (en voilier), Équateur, Pérou, Kenya et Tanzanie. Je n'aurais pas pu imaginer partager ma vie avec un homme avec qui voyager aurait été problématique. Ouf !!!

Étienne : Quand j'ai commencé à fréquenter Geneviève, elle avait un souhait: ne plus voyager seule ! Ce fut suffisant pour que je me « sacrifie » et décide de prendre la route des voyages avec elle. Voyager à deux présente un défi, mais voyager avec sa blonde représente un défi énorme et en même temps une expérience formidable. Pour notre part, dès notre premier voyage ensemble, nous nous sommes rendus compte que nous étions sur le même rythme lorsque nous nous retrouvions en pays inconnu et que nous étions très complémentaires.


À quel moment est née l'idée d'un tour du monde en amoureux ?

Geneviève : D'abord j'aimerais préciser que je préfère parler d'un voyage autour du monde que de parler de « tour du monde ». Il faut savoir que nous n'allons pas visiter l'Europe, le Moyen Orient et l'Amérique du Nord et que nous allons seulement effleurer l'Afrique du nord.

Pour revenir à votre question, je me souviens que nous étions en voiture, dans les rues du Plateau Mont-Royal. C'était au début de l'année 2003... Nous avions une discussion sur nos projets d'avenir et à un moment donné j'ai lâché le morceau : « moi, il faut que je fasse un long voyage au moins une fois dans ma vie ! J'aimerais cela le faire avec toi et en même temps, cela ferait patienter l'horloge biologique ! » À ma grande surprise, Étienne m'a dit qu'il avait aussi ce rêve depuis plusieurs années. Quelques mois plus tard, nous avons pris l'engagement commun que d'ici l'automne 2005 nous étions pour réaliser ce projet.

Étienne : Au début 2003, j'ai dit à mon ami Normand que l'un de mes plus grands regrets dans la vie était de ne pas avoir pris le temps de voyager après mon passage à l'université. Partir découvrir le monde avant de plonger dans le monde du travail. Il m'a répondu, avec toute sa sagesse, que j'étais maître du temps et qu'il n'en tenait qu'à moi si je voulais vraiment faire un arrêt pour concrétiser ce rêve. Presque au même moment, comme le disais Geneviève, nous avons eu une conversation sur nos projets d'avenir... Voilà ce n'est pas plus compliqué que ça ! Restait à concrétiser le tout, à avoir le courage de poser les actions et de prendre les décisions requises pour le faire ce voyage autour du monde.


Comment avez-vous choisis les destinations de votre voyage autour du monde ?

Geneviève : En janvier 2003, j'ai débuté mon tour d'horizon des pays « coup de cœur » que je voulais visiter. En me renseignant sur les règles qui régissent les billets d'avions tour du monde (RTW), j'ai compris que nous avions avantage à partir d'un côté du globe et à revenir de l'autre. Personnellement, j'avais deux grands objectifs : voir le continent asiatique et faire les pays plus difficiles à visiter avec des enfants ou en vieillissant...

Étienne : Pour ma part, j'ai pour objectif de découvrir le plus de pays possibles. Je n'avais pas vraiment de préférence si ce n'est l'Égypte dont je rêve depuis mon cours d'histoire en secondaire II. Lors de la préparation de notre dernier voyage nous avions hésité entre l'Afrique (Kenya et Tanzanie) et le sud est asiatique. II nous apparaissait alors logique de mettre l'emphase sur l'Asie à l'occasion de ce voyage autour du monde.


Quels pays avez-vous l'intention de visiter ?

Geneviève et Etienne : Depuis le début de notre préparation, nous avons déjà plusieurs fois révisé l'itinéraire et certainement que nous le réviserons encore quelques fois en cours de voyage. Au moment d'écrire ces lignes (juin 2005), voici le programme prévu :



Pourquoi faire 13 pays différents en 10 mois au lieu de rester à un ou deux endroits et de vous y installer ?

Geneviève et Etienne : Nous sommes deux personnes très très actives. Nous sommes avides de voir ce monde et de côtoyer des environnements différents. En planifiant l'itinéraire, nous avons essayé de prévoir une certaine gradation et rétrogradation en terme de choc culturel.


On m'a dit que vous vouliez aussi donner de votre temps sous forme d'aide humanitaire ?

Geneviève et Étienne : Oui. Par contre, aussi étrange que cela puisse paraître, il a été très difficile de trouver un organisme fiable qui accepte notre aide !!! Oui oui, alors que tu veux donner de ton temps, si tu as plus de 30 ans et moins de 65 ans et que tu ne veux pas signer de contrat à long terme ou même PAYER pour aller aider, la recherche est très difficile.

Geneviève : Heureusement, comme couple nous avons une devise: lorsque l'on a une idée dans la tête, on cherche toujours une solution. Nous avons d'abord connu l'organisme Clowns Sans Frontières qui a pour mission de faire rire les enfants. Nous avons donc monté un projet d'animation de groupes d'enfants mais il a été difficile de poursuivre nos démarches avec eux. Nous avons tout de même l'autorisation d'utiliser la bannière de Clowns Sans Frontières mais à titre « d'agent libre ».

Tout dernièrement, nous avons été mis en contact avec l'organisme Jeunes musiciens du monde. L'organisme fait vivre une école de musique dans le sud de l'Inde. 70 enfants sont nourris, loger, habillés et apprennent la musique traditionnelle de leur pays. Il y a aussi une école à Québec où on offre gratuitement des cours de musique aux enfants des quartiers populaires. À l'automne 2005, une 3ième école ouvrira ses portes à Montréal poursuivant le même objectif d'offrir des cours de musique aux enfants moins chanceux que nous. Nous vous invitons à aller visiter leur site Internet. Pour ceux dont la cause pourrait intéressés, il y aura des spectacles bénéfices à l'automne 2005 avec de très bons artistes de chez nous ainsi qu'un livre de photos prises par un photographe qui a suivi le périple des enfants de l'école de Kalkeri en Inde.

Étienne : Vous devinez donc que nous avons été séduit par cet organisme. Pour ceux qui ne le savent pas, Gen a fait beaucoup de musique dans sa jeune vie; harpe, piano violoncelle et du chant. Pour ma part, je suis certain que je pourrai jouer à monsieur bricole pour ainsi participer à ma façon à cette excellente initiative.


Depuis plus de 2 ans, vous projetez ce voyage. Quels types de sentiments avez-vous vécus durant la préparation ?

Geneviève : Depuis 2 ans, je suis passée d'un extrême à l'autre en terme d'émotion. Cet hiver, lorsque j'entrais dans mon confort, que je retrouvais mes repères et surtout que je prenais un long bain chaud, je me disais que j'étais folle d'aspirer à me couper de notre société développée et de vouloir à tout prix perdre ces repères, mon confort et mes habitudes. Je me demandais souvent pourquoi je souhaitais perdre tout cela pendant 10 mois pour vivre complètement différemment, en nomade, avec pour seule maison mon sac à dos. Je réfléchis toujours...

Au moment d'écrire ces lignes en mai 2005, je suis fébrile. J'ai vraiment hâte de partir. Je ressens une immense joie lorsque je pense que ce projet est sur le point de se concrétiser. En fait, je m'imagine souvent en train de disposer du temps nécessaire pour me promener au gré de mes envies et du rythme de vie du pays. De plus, j'ai hâte de faire voyager notre histoire d'amour et de continuer à la faire vivre à des kilomètres de la maison. Ce long voyage, c'est notre premier véritable grand projet de couple.

Etienne : Pour ma part, je pense que c'est en se coupant de son quotidien que l'homme évolue le plus. Lorsqu'on se retrouve dans un environnement qui nous est pas familier, nous avons pas d'autre choix que de nous regarder comme nous sommes vraiment, sans artifice. Comme je le disais précédemment, je suis passionné de plein air et d'aventures. Les « expéditions » ont toujours fait partie de ma vie. Des expéditions de canoë, skis hors piste, randonnée pédestre, camping d'hiver, rafting sont pour moi des moments uniques qui m'ont amené à apprivoiser le détachement du confort quotidien. Au fil des années, mes expéditions m'ont toujours permis de faire le point, de concrétiser ce que j'apprenais sur moi au quotidien et de fixer mes grands objectifs de vie. Les voyages sont également une forme d'expédition dans le sens où ils nous forcent à sortir de notre zone de confort et à évoluer tout en découvrant les us et coutumes de ceux qui vivent sur notre planète.

Maintenant, que je suis à la veille de réaliser la plus longue et sûrement la plus exigeante de toutes les expéditions auxquelles j'ai pris part, j'éprouve beaucoup de fébrilité. En plus, cette aventure, nous la vivrons à deux... J'ai un plaisir fou à imaginer que pendant 10 mois, nous allons pouvoir vivre au gré de nos goûts et des opportunités qui s'offriront à nous en parcourant une partie du monde qui compose notre planète. En même temps, j'éprouve un peu de culpabilité à l'idée de laisser derrière moi nos familles et nos amis qui vont certainement nous manquer énormément durant ces 10 mois, mais qui je l'espère comprendront les raisons qui ont motivé ce voyage.


Une petite crainte qui subsiste ?

Geneviève : Oui, pour être honnête je sais que ce sera un bel exercice de couple de faire face à des situations difficiles, à endurer le manque de confort et à vivre avec son partenaire 24H/24 ! Comme nous le disait un grand sage qui est devenu notre ami Normand Brisson : « Cela vous permettra de vous « tester », de vous « dé-tester » et de vous « re-tester ». »

Etienne : Je pense que j'ai déjà répondu à la question dans ma réponse précédente, mais je partage ce que Geneviève a dit. Cela étant dit, je ne voudrais pas partir avec personne d'autre qu'elle.



Si vous aviez à résumer en une phase votre souhait pour ce voyage ?

Geneviève : une phrase ???!!! Sérieusement, je dirais que mon plus grand souhait est de visiter ces pays « coup de cœur » avec mon amoureux en réussissant à aller au-delà des intérêts touristiques et voir comment les gens vivent réellement.

Etienne : Vivre sans attache pendant 10 mois avec ma blonde et pour seul objectif de mieux comprendre les habitudes de vie des gens que nous rencontrerons tout au long de ce voyage.



C'est pour quand le grand départ ?

Geneviève et Etienne : Le 28 août 2005 !


Et vous prévoyez revenir à Montréal à quelle date ?

Geneviève et Etienne : Le 30 juin 2006 ! Nous reprenons le travail le 1er août et nous avons choisi de suivre les conseils des experts en long périple : on prépare beaucoup le voyage mais il ne faut surtout pas oublier le retour. Nous prendrons donc un mois pour atterrir et reprendre contact avec notre mode de vie « habituel ».

L'idée de concevoir et de mettre à jour ce site Internet est aussi un façon pour nous de demeurer en contact avec nos proches, de raconter nos aventures presque en temps réel de façon à ce que notre retour se fasse sans avoir à raconter 10 mois particulièrement intenses d'un seul coup.



Bon voyage, vous êtes chanceux !

Geneviève et Etienne : Merci ! Nous espérons que vous prendrez plaisir à lire les carnets de route que nous allons mettre en ligne à différents moments durant notre périple.

En passant, nous croyons que nous sommes privilégiés mais nous ne nous trouvons pas « chanceux ». Nous croyons que nous saisissons une opportunité mais ne vous méprenez pas, nous avons du faire des choix (personnels et professionnels) et nous assumons les résultantes positives et celles qui le sont moins...

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